lundi 22 septembre 2008

La gauche remporte au Sénat une nouvelle victoire électorale

Le mouvement de bascule en faveur de la gauche lors des élections sénatoriales du 21 septembre est sensiblement plus fort que ne l'envisageaient les états-majors politiques. L'UMP, malgré l'augmentation du nombre de sièges de 331 à 343, passe de 159 à 147 tandis que, parallèlement, le PS, avec un gain de 21 sièges, en détient désormais 116.

Le rééquilibrage entre les deux partis "dominants" est d'autant plus marqué que les "petits" groupes n'enregistrent que d'infimes variations : le PCF reste stable (23), le groupe Union centriste perd un siège (29). L'incertitude demeure en ce qui concerne la possibilité pour le Rassemblement démocratique et social européen (RDSE) de se maintenir en groupe. Il ne comptait dans le Sénat sortant que 17 membres ; seuls 3 des 8 sortants concernés par ce renouvellement ont été réélus. Ses responsables espéraient néanmoins de nouveaux rattachements - dont, par exemple, celui de Jean-Pierre Chevènement, élu dans le Territoire de Belfort - pour repasser au-dessus du seuil de 15 membres nécessaire à la constitution d'un groupe.

La majorité présidentielle sort affaiblie de cette dernière consultation électorale qui vient compléter la séquence favorable à la gauche ouverte par les élections municipales et les cantonales du mois de mars. Le glissement est si prononcé que, dimanche soir, apparaissait désormais vraisemblable une perspective que peu, jusqu'à présent, s'aventuraient à pronostiquer : le basculement à gauche du Sénat lors du prochain renouvellement de 2011, qui concernera, cette fois, la moitié des effectifs. Un tel "séisme" - le Sénat, depuis les débuts de la Ve République, en 1958, est toujours resté propriété de la droite -, intervenant à sept mois de l'élection présidentielle, ne serait pas sans incidences.

Si la majorité présidentielle reste dominante au Sénat, s'ouvre donc pour elle une période d'incertitudes. Contrairement à l'Assemblée nationale, l'UMP ne disposera pas au Palais du Luxembourg de la majorité absolue et elle va devoir composer avec ses partenaires ou alliés. Cette obligation risque de peser fortement au moment où l'UMP s'apprête à désigner celui qu'elle souhaite voir succéder à Christian Poncelet à la présidence du Sénat. Chacun des trois candidats - Gérard Larcher, Philippe Marini, Jean-Pierre Raffarin - met en avant, à des titres divers, ses aptitudes à éviter la paralysie de la majorité sénatoriale au moment où l'institution entre dans une période de profonde mutation.

En attendant cette échéance - la primaire aura lieu mercredi 24 septembre et l'élection à la présidence du Sénat le 1er octobre -, la morosité domine du côté de l'UMP. "Nous sommes, il faut le reconnaître, en deçà des pertes maximum que l'on pouvait envisager", admet le président du groupe, Henri de Raincourt. Au même moment le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, s'efforçait de convaincre de la "bonne résistance" de l'UMP, dont les résultats seraient conformes, à peu de choses près, aux prévisions.

"PAS QUE L'AS QUI COMPTE"

Trois éléments se conjuguent pour expliquer ce glissement. Le premier était attendu : c'est la traduction mécanique des élections municipales, cantonales et régionales qui ont renforcé le poids de la gauche parmi les grands électeurs du Sénat. La droite paye également le prix de ses divisions et de ses rivalités dans un certain nombre de départements, comme l'Ain, l'Aveyron, l'Ardèche, la Charente ou la Côte-d'Or. Les reports de voix à gauche ont été plus maîtrisés qu'à droite. Enfin, le contexte de restructuration des services publics et de la carte administrative, judiciaire, militaire et sanitaire a pesé sur la campagne.

"La défaite a du bon : cela permet de resserrer les rangs", se rassurait Jean-Patrick Courtois, vice-président du groupe UMP, espérant que ce revers servirait d'avertissement avant l'élection à la présidence du Sénat. Une grande partie des sénateurs de l'UMP vit en effet dans la hantise que ne s'ouvrent de nouvelles blessures au sein du groupe. Dès dimanche soir, les appels se multipliaient pour que celui qui l'emportera à l'issue de la primaire fasse preuve de la "clémence d'Auguste" pour ses rivaux malheureux. "S'il y a des déchirements, c'est toute la majorité qui va en souffrir", prévient Hubert Haenel, le président (UMP) de la délégation pour l'Union européenne, avant de donner un conseil de bonne conduite : "On est en train de rebattre les cartes mais, dans le jeu, il n'y a pas que l'as qui compte."

jeudi 18 septembre 2008

Jean-François Kahn, du journaliste à la politique (Européennes 2009)

Poil à gratter de la gauche et surtout de la droite depuis des années, Jean-François Kahn est un journaliste politique reconnu. Enthousiaste, souvent avec excès, il a fondé et dirigé deux hebdomadaires au ton souvent corrosif à l’égard du milieu politique. Pourtant, à 70 ans, il vient de décider de se lancer en politique en se présentant aux élections européennes de 2009, sous les couleurs du MoDem de François Bayrou. Retour sur le parcours politique d’un journaliste atypique.

Portrait de Jean-François Kahn

Origines et formation
Jean-François Kahn est né le 12 juin 1938 à Viroflay, dans les Yvelines. Son père est un philosophe d’origine juive tandis que sa mère est catholique. Les parents se séparent : Jean-François Kahn part vivre avec son père mais ses deux frères suivent la mère. Il fait des études d’histoire, obtient une licence mais doit se mettre rapidement au travail et gagner sa vie en faisant des petits boulots. Il est donc embauché dans un premier temps au tri postal puis dans l’imprimerie, en tant que manœuvre.
Finalement, il décide de se tourner vers le journalisme. Il est envoyé en mission en Algérie pour couvrir la guerre d’indépendance. Sur place, il mène une enquête sur l’affaire Ben Barka et multiplie les scoops qui lui permettent ensuite de faire carrière comme correspondant pour de nombreux journaux : il collabore ainsi à Paris-Presse, L'Express, Europe 1, Le Monde. Enfin, en 1977, il est nommé directeur de la rédaction des Nouvelles Littéraires

La création de l’Evénement du jeudi dans les années 1980
En 1984, il lance un nouvel hebdomadaire : l’Evénement du jeudi. L’objectif de ce journal au départ vise à analyser l’actualité dans un ton virulent, sans concession. En 1990, pour survivre, L’événement du jeudi est racheté par le groupe Lagardère et Jean-François Kahn cède la place à Georges-Marc Benamou. Le journal change alors de nom et devient L'Événement en 1998. Finalement, Jean-François Kahn refait surface et rachète le magazine grâce aux recettes de son nouvel hebdomadaire, Marianne. Il propose à Maurice Szafran la direction de L’Evénement qui change de ligne éditoriale en devenant un hebdomadaire culturel. Ce nouveau concept échoue, et L’Evénement perd son identité : il change encore de nom et s’insère comme supplément télévision à France-Soir. Il s’intitule L’Evénement France-Soir. Encore une fois, la formule ne convainc pas. Le journal disparaît définitivement.

Le lancement de Marianne à la fin des années 1990
Après avoir quitté L’Evénement du jeudi, Jean-François Kahn décide de créer avec Maurice Szafran un nouvel hebdomadaire d'information en 1997 : Marianne. La ligne éditoriale est plus radicale encore que L’Evénement du jeudi. L’hebdomadaire est souvent provocateur dans le traitement de ses sujets politiques. Sa position est le centrisme révolutionnaire c’est-à-dire qu’il rejette l’opposition gauche-droite, et souhaite proposer une voie différente.
Si Marianne est très critique à l’égard des deux grands partis, il l’est surtout à l’égard d’un Sarkozy trop médiatique et omnipotent, « un monarque », selon les dires de Jean-François Kahn. Si Marianne fait recettes et devient en quelques années l’hebdomadaire le plus acheté en kiosque, en revanche, les publicitaires le boudent. Pour connaître les raisons de ce désintérêt pour son hebdomadaire, Jean-François Kahn fait un audit. Il semblerait que les publicitaires attendent une nouvelle maquette, moins de rubriques « cheap », de faits divers, etc. Enfin, les publicitaires ne veulent pas acheter des pages de publicités à un journal critiquant leurs clients que ce soit des constructeurs, entrepreneurs ou des enseignes de la grande distribution.
Jean-François Kahn est un véritable graphomane. Même s’il n’utilise pas d’ordinateur, il écrit de nombreux articles dans Marianne sous différents pseudonymes comme François Darras, Thomas Vallières ou P.M.O, au point d’écrire parfois près de la moitié des articles de chaque numéro.

A 70 ans, Jean-François Kahn décide de se retirer du journalisme et de mettre fin à sa collaboration à Marianne. Il cède également son poste de directeur.

A 70 ans, Jean-François Kahn va se présenter aux élections européennes
Jean-François Kahn n’a jamais mâché ses mots ni tenté de se montrer modéré dans ses prises de position. Proche de François Bayrou, il a défendu le candidat MoDem à l’élection présidentielle de 2007. Il dénonce d’ailleurs l’attitude trop consensuelle et unanime des grands quotidiens dont aucun n’a soutenu la candidature de François Bayrou, préférant demeurer dans le clivage gauche/droite.
Après une carrière journalistique, Jean-François Kahn décide donc d’entrer en politique et de rejoindre le MoDem en se présentant aux élections européennes de juin 2009 en tête de liste sur la région Est. L’objectif de Jean-François Kahn, s’il est élu au Parlement européen, est d’ouvrir le débat sur le renouveau des sociétés en mettant l’individu au centre des préoccupations et non plus l’Etat ou l’argent, espérant ainsi mettre en application ses théories politiques.

mardi 16 septembre 2008

Le pas en arrière de Ségolène Royal

L’ancienne prétendante à l’Élysée fait savoir que sa candidature au poste de Premier secrétaire du PS n’est pas un “préalable” à la constitution d’une majorité.

Aveu de faiblesse ou recul calculé ? Jean-Pierre Mignard, président de Désirs d’avenir, a fait savoir que Ségolène Royal n’irait pas forcément jusqu’au bout de sa tentative de conquête du PS entamée au début de l’année. La candidature de l’ancienne prétendante à l’Elysée au poste de Premier secrétaire ne serait en effet pas un“préalable” à la constitution d’une majorité au PS. Et Mignard de rappeler, dans un bel exercice d’équilibrisme, les propos tenus par Ségolène Royal lors d’une réunion publique le 16 mai : “Si les militants partagent les orientations que nous proposerons, j’assumerai les responsabilités qui en découlent”. La présidente de la région Poitou-Charentes attendrait donc le vote des militants sur les motions le 6 novembre – une sorte de “premier tour”, selon le président de Désirs d’avenir – avant de décider de se porter ou non candidate à la succession de François Hollande. Une décision qui peut se comprendre de diverses façons : crainte d’un score trop faible pour pouvoir peser ensuite réellement au sein du parti, ou volonté de se mettre volontairement en retrait, en attendant la suite des événements d’ici 2012… Quoi qu’il en soit, Jean-Pierre Mignard a également précisé que Ségolène Royal travaillait toujours à la constitution d’un pôle l’associant à Pierre Moscovici, à la “Ligne claire” (Collomb-Guérini) ainsi qu’au pôle écologiste du PS.

Selon Xavier Darcos, les profs de maternelle ne "changent que les couches"

Le 3 juillet 2008, Xavier Darcos était auditionné par la commission des finances du Sénat pour faire le point sur les crédits de l'Etat accordés pour son ministère. Lors de son intervention, le ministre de l'Education nationale a fait part de son souhait de diminuer le nombre d'enseignants en première section de maternelle afin de faire des économies.

D'ordinaire, ce type d'audition est rarement repris dans les médias. Mais depuis quelques jours, un extrait de son intervention circule sur le net. Et le ministre peine visiblement à masquer le peu de considérations qu'il porte à ces profs de maternelle :

>>Voir la vidéo

Reprise par Rue89, la vidéo fait l'objet d'un véritable buzz. Les syndicats enseignants du premier degré n'ont pas tardé à réagir en dénonçant des propos peu respectueux et reflétant une méconnaissance de leur travail. En effet, pour qu'un enfant soit accepté à l'école maternelle, la condition préalable est qu'il soit propre. En outre, comme le note Rue89, le raisonnement de Xavier Darcos sur les économies envisageables repose sur un constat erroné.
Le 10 septembre 2008, la Cour des comptes a rendu un rapport sur le taux de scolarisation des 2-3 ans. Celui-ci a baissé entre 2003 et 2007. Aujourd'hui, près de 5 000 enfants sont encore en attente de scolarisation en maternelle, faute de place suffisante. La cour des comptes préconise donc au contraire que l'Etat embauche davantage d'enseignants de maternelle au nom de la "bonne utilisation de l’argent public". Car scolariser un enfant en école maternelle revient toujours moins cher que les gardes collectives en crèche.

mercredi 10 septembre 2008

Fichier Edvige: le pouvoir recule dans le désordre

Le gouvernement tente de calmer l'opposition grandissante au fichier policier Edvige. Nicolas Sarkozy a organisé mardi soir une réunion à l'Elysée pour demander à Michèle Alliot-Marie «d'ouvrir rapidement une concertation» qui «sera suivie de décisions pour protéger les libertés». Plus de 130.000 citoyens ont signé la pétition lancée par le collectif "Non à Edvige". Des témoignages très concrets, apportés le 9 septembre par les associations, montrent comment les mineurs, les malades, les militants politiques, syndicalistes ou associatifs seraient "enregistrés" par ce super-fichier aux allures de Big Brother.

dimanche 7 septembre 2008

Le secret bien gardé de l'affaire Tapie

Tout était organisé pour que Tapie puisse empocher des dizaines de millions d'euros dans la plus grande discrétion. C'était sans compter sans les auditions devant la Commission des finances de l'Assemblée nationale.

Les auditions des protagonistes de l'affaire Tapie par la Commission des finances, le 3 septembre, permettent de découvrir une partie des dessous de l'extraordinaire arbitrage qui a permis à l'ex-homme d'affaire et ex-ministre, actuellement comédien et ami du Président, d'obtenir des dédommagements considérables de la part de l'Etat.

Le mémoire et les déclarations de Charles de Courson, député Nouveau Centre de la Marne, sont particulièrement instructifs. Le député représente l'Assemblée nationale au conseil d'administration de l'EPFR, établissement public, actionnaire à 100% du CDR, organisme qui doit liquider les dettes et les actifs après la faillite du Crédit Lyonnais (plus d'1 milliard d'euros de pertes au compteur provisoire). Il a expliqué à ses collègues dans quelles conditions il avait été informé de l'arbitrage : «Une clause de confidentialité absolue couvrait la convention d'arbitrage. Au conseil d'administration, le président de l'EPFR nous donc informé oralement du contenu de la convention, mais nous n'avons jamais pu lire le texte même de cette convention».

Lorsque l'arbitrage fut rendu par le trio présidé par Pierre Mazeaud (ancien président du conseil constitutionnel), même simulacre : «Je n'ai pas pu lire la sentence lors du conseil d'administration de l'EPFR chargé de se prononcer sur un éventuel recours. Le président de l'EPFR m'a, en revanche, dit : vous pouvez le faire sur le site de l'Express !», raconte Charles de Courson.

Ce goût du secret a perduré jusque très récemment : le président de la Commission des finances, le socialiste Didier Migaud, a eu le plus grand mal à obtenir communication de ces pièces (convention et jugement) pour éclairer les débats à l'Assemblée. Elles lui sont parvenues seulement le 2 septembre au soir, et encore certaines photocopies sont-elles illisibles. Explication : l'EPFR avait attendu que la partie adverse, c'est-à-dire Bernard Tapie, lève la clause de confidentialité.

Conclusion : il s'en est fallu de peu que les contribuables ne sachent pas dans quelles conditions et pour quels motifs l'Etat (qui assume les dettes du Crédit Lyonnais) devra verser 390 millions d'euros au groupe Bernard Tapie. C'est un des principes de l'arbitrage de rester confidentiel. Mais c'est ce qui rend le recours à cette méthode de jugement problématique lorsqu'il s'agit d'argent public…

Jeudi 04 Septembre 2008 - Marrianne2

jeudi 4 septembre 2008

La Rochelle : Avis de tempête au PS

La succession de François Hollande à la tête du Parti socialiste peine toujours à se dessiner après une université d'été à La Rochelle dominée par les rivalités entre prétendants.

Selon Jean-Christophe Cambadélis, quatre pôles commencent à émerger. Il y a la "gauche du parti" rassemblée autour de Benoît Hamon, les partisans de Ségolène Royal, ceux de Bertrand Delanoë et un "pôle du renouveau qui n'a pas encore de chef", a estimé le député parisien, en allusion au rapprochement opéré samedi entre Martine Aubry, les partisans de Laurent Fabius, une partie des proches de Dominique Strauss-Kahn et Arnaud Montebourg.

Pierre Moscovici, candidat lui aussi au poste de premier secrétaire, entend préserver le PS d'une guerre des présidentiables qui pourrait voir s'opposer Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, mais également Martine Aubry.

Lors de son dernier discours de clôture de l'université d'été, François Hollande a mis en garde les "éléphants" contre la menace "d'ingouvernabilité" du parti si les "égos" l'emportaient sur le fond."On ne peut prétendre diriger le pays si on ne se gouverne pas nous-mêmes", a-t-il prévenu au terme de onze années "mouvementées" à la tête du PS.