samedi 5 juillet 2008

Betancourt: Ségolène Royal minimise le rôle de Sarkozy et provoque un tollé

La socialiste Ségolène Royal a scandalisé la classe politique française, y compris son propre camp, en déclarant que le président Nicolas Sarkozy "n'était pour rien" dans la libération de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, ex-otage des Farc.

La candidate déclarée au poste de premier secrétaire du Parti socialiste, qui se pose en principale opposante du chef de l'Etat, s'est démarquée jeudi du climat d'union nationale autour de la libération de Mme Betancourt.

"Nicolas Sarkozy n'a été absolument pour rien dans cette libération", avait assuré l'ancienne candidate à la présidentielle depuis Québec, où elle assistait au 400e anniversaire de la ville.

Pour elle, la libération est due à "une opération colombienne rondement menée". Les négociations avec la guérilla des Farc étaient "inutiles" et n'ont "débouché sur rien", selon Mme Royal.

Premier à réagir, le Premier ministre François Fillon, également présent à Québec, avait rétorqué jeudi que Mme Royal "manquait de dignité" et avait estimé que la socialiste se comportait comme "une petite fille dans une cour de récréation".

Le Premier ministre est revenu à la charge vendredi, parlant d'une "polémique regrettable" que Mme Royal "devra regretter".

"Je laisse Mme Royal à ses responsabilités. Qu'elle lise la presse française. Elle verra à quel point elle a choqué l'ensemble des responsables politiques français", a-t-il dit.

Le porte-parole du parti de droite au pouvoir (UMP) Frédéric Lefebvre a pour sa part jugé "pitoyable" de "tenter de rompre l'unité nationale" autour de la libération de Mme Betancourt.

Présente dans les salons de l'Elysée où se tenait une réception en l'honneur de Mme Betancourt, la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme Rama Yade s'est dite "très choquée" et a estimé que Ségolène Royal donnait "l'impression d'une enfant qui veut gâcher la fête".

Les propos de Mme Royal ont aussi choqué dans les rangs socialistes, où la compétition fait rage avant le congrès du PS prévu en novembre et la désignation d'un nouveau premier secrétaire du parti.

L'ancien ministre Jack Lang a estimé que "minimiser" le rôle de Nicolas Sarkozy relevait d'une "rare mesquinerie et d'un manque d'élégance morale", tandis que le député Philippe Martin jugeait les propos de Mme Royal "assez tristes et un peu consternants".

Mme Royal s'est défendue vendredi en affirmant qu'elle s'était bornée à "reprendre des faits admis par tous", et a dénoncé une "polémique indécente soulevée par la droite".

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