lundi 9 février 2009

Sarkozy bafoue le peuple et s’assoit sur les journalistes

Notre président est venu ce 5 février en direct sur plusieurs chaînes pour convaincre les français.

Pincé en début d’émission, le super-communicateur n’avait pourtant pas à s’en faire tant le scénario préparé à l’avance était d’une simplicité effarante.

Face à lui il s’était choisi pour interlocuteurs 4 journalistes, on ne peut plus soumis.

Laurence Ferrari, qui à part son sourire, n’avait rien à dire, rien à demander. Il est vrai qu’elle présente le journal de TF1, en remplacement de d’Arvor à la demande, selon les mauvaises langues, du président lui-même. Salariée d’un des plus grands amis du président, Martin Bouygues, elle ne pouvait nullement le provoquer au risque de soulever son courroux. Bridée donc de par sa position, elle ne posa aucune question, en dehors de quelques banalités. Mais professionnellement en avait-elle les moyens ? Elle ne délivra donc que des sourires, et fit la pose comme journaliste femme-objet.

David Pujadas, non pas salarié, mais subordonné de Sarkozy, puisque maintenant c’est ce dernier qui nomme le président de France Télévision, ne pouvait pas l’affronter au risque de retourner au placard. D’ailleurs le président lui rappela dés le début et à plusieurs reprises qu’il devait poser des questions précises. Il lui rappela également qu’il était déjà passé par le placard et qu’il devait en connaître le goût.

Guy Lagache, ah le gentil Guytou, salarié de M6, petite chaîne privée qui monte, qui peut dire merci au président pour avoir supprimé la publicité sur le réseau national, augmentant ainsi de facto ses revenus, a été si gentil avec notre Nikos national : « on a le sentiment qu’il y a deux poids, deux mesures, ce qui n’est pas forcément vrai ». Les français défilent par centaines de milliers, mécontents des cadeaux faits aux banques, en rage que pour eux il n’y ait rien, et l’ami Lagache dit, en direct, au président que ce n’est pas forcément vrai. Hein papa que c’est pas vrai ? Ce sont les autres les menteurs, toi tu le sais, hein papa ? On dirait le langage d’un enfant de 5 ans en adoration face à son père, mais certainement pas un journaliste.

Alain Duhamel, le bon et ancien Alain Duhamel. Lèche botte et gaffeur célèbre, pour ne pas dire autre chose, le bon Duhamel qui pour être agréable au bon président lui demande donc d’entrée ce que fait la présidence Tchèque en ce moment à la tête de l’Europe. Il est gentil aussi ce faux cul. Lui journaliste ne le sait pas et espère que son bon président, qui voulait être président à vie de l’Europe, va le remercier d’avoir posé cette bonne et douce question. Il se fait moucher en évoquant les rumeurs de sources à l'Elysée voulant nuire à Kouchner, relayées par le Nouvel Observateur. Déçu qu’il est notre Duhamel.

En bref une belle prestation du président face à 4 journalistes incapables d’exercer leur métier. Entre une potiche, deux « salariés » soumis et un cireur de pompes à la gaffe facile, le Nikos ne pouvait que jouir, triturer les chiffres, travestir la vérité et bafouer les français. Il était heureux de raconter combien son métier est difficile, combien il aimait les français, expliquer que c’était pour leur bien qu’il engraissait les banques, etc… en Bref une promenade de santé face aux 4 paires de bras cassés. Ah il est beau le journalisme français.

Libre donc de toute opposition, de toute question gênante, Sarkozy a donc pu, sans vergogne, déblatérer sur sa méthode et les vertus de sa politique.

Généreux, il annonce qu’il va injecter les 1.4 Mds d’euros d’intérêts, prélevés sur les banques, dans le social. Mensonge, car il oublié de déduire les intérêts que l’état devra lui-même payer afin d’emprunter sur le marché les sommes prêtées. Cette somme sera donc à diviser par deux.

Pas question d’augmenter le smic puisque les bénéficiaires sont trop nombreux, 17%. Les caisses sont vides pour eux.

Pas un mot sur la Guadeloupe en crise ouverte depuis 18 jours. Pas de questions non plus de la part de nos super-journalistes. A la gentille question de Guy Lagache : 26MDS de relance = combien d’emplois ? pas de réponse, on verra. De toute façon il faudra bien la boire cette crise et jusqu’à la lie et lui n’est pas responsable et le dit haut et fort. La crise est américaine, elle vient de là-bas. Il a une grande qualité notre président et l’a dit aux 15 millions de spectateurs qui l’écoutaient, il n’est pas menteur. Ce n’est pas l’avis de salariés, des salariés de Grandange qui viennent de poser une stèle en mémoire d’un des plus gros mensonges du monarque. Ce n’est pas l’avis des français qui l’écoutent et qui malgré ses promesses voient leur pouvoir d’achat non pas ramené mais déchiré par les dents. Ce n’est pas encore l’avis des français quand il dit maintenir sa confiance à Kouchner alors que celui-ci se débat dans des histoires de conflits d’intérêt sans fin.

C’est sans honte, sans gêne et surtout sans aucune contradiction qu’il annonce qu’il supprimera la taxe professionnelle en 2010 et que le coût de 8MDS d’euros sera compensé par d’autres impôts. Hérésie, mensonge, démagogie et aucun des 4 interlocuteurs ne réagit. La taxe professionnelle pèse entre 26 et 28 Milliards et non pas 8. Il faudra attendre le lendemain que Bercy corrige et modère les propos. La suppression ne sera que partielle, à hauteur de 8 Mds. Certes, en ces temps où on se balance des centaines de milliards à la figure, la différence de 16 à 18 Mds n’est qu’une paille. Là aussi, aucun des cireurs présent ne relève.

Mais qu’elle avancée ! On supprimerait 8Mds d’un côté et on taxerait 8Mds de l’autre. Quelle différence, quel changement ! Il est fort notre président, très fort. Le lendemain les patrons se frottaient les mains, les salariés, eux se posaient des questions. Allait-on alléger les taxes de 8 Mds sur les entreprises et les transférer à la charge des consommateurs ? On ne sait pas. Pas un des 4 fantastiques n’a posé la question. La crise étant donc américaine, il rappelle, Nikos 1er, que c’est lui qui a imposé aux « ricains » le sommet du G20 d’avril, lui seul. Et notre Duhamel national qui n’est pas au fait de tout de l’interroger : Vous serez 20 au G20. Enfin il a compris quelque chose le Alain. Et que donc les idées de Mr Obama ne sont pas bonnes. Il n’est pas question de plafonner les salaires des dirigeants des banques aidées, seuls les traders, les sous-fifres, bien, très bien rémunérés, se verront imposer une législation. On ne touche pas aux patrons.

L’industrie de l’automobile va se voir appliquer des règles très contraignantes quant aux délocalisations. C’est bien, c’est beau, cela réchauffe le cœur des petits français, mais en économie cela s’appelle du protectionnisme. Si’ on l’applique on ne peut pas reprocher aux ricains de le faire. Mais il est vrai que la démagogie est un produit qui se vend bien, surtout en temps de crise. Et en démagogie, Nikos 1ér est roi. Il va, juré, imposer le partage des profits des entreprises. Il veut l’application des 3 tiers. Magnifique ! Mais sur quelle base va-t-il appliquer les 33% revenant aux salariés ? Sur quelle base va-t-il appliquer les 33% revenant à l’investissement ? Nul ne le sait et boule de gomme. La majorité des profits faits par TOTAL par exemple sont faits à l’étranger. La majorité des 10 ou 11Mds de bénéfices de cette entreprise sont étrangers. Sarkozy va-t-il taxer des profits soumis à droit étranger ? Impensable, illégal au regard du droit international. Alors ce sera, peut-être, 33%, non pas de 10Mds pour le cas TOTAL, mais 33% de 2 ou 3 MDS. Et il en sera de même pour toutes les autres sociétés. Les voitures françaises fabriquées à l’étranger ne dégagent pas de bénéfices comptables en France mais à l’étranger, là où elles sont fabriquées. Et c’est donc logiquement, que sur le plan comptable, ces bénéfices soient gérés par les lois de ces pays. Là encore démagogie, mensonge.

Quant au reste des idées du président, suppression de la première tranche des impôts, augmentation des allocations familiales, ce ne sont que des idées. Il l’a dit et répété, que des idées, des suggestions à discuter à partir du 18 février et ces discussions pourront durer plusieurs mois, il l’a dit aussi. Et en attendant on comptera les français au tapis. Des promesses de vent selon la variation de la météo. Pas de questions de nos 4 fantastiques. Tout passe comme une lettre à la poste. La preuve, le lendemain, la majorité de la presse ne parle pas d’idées, de suggestions, mais de promesses, d’engagements. Naïfs, incompétents nos journalistes. En deux jours, on a tout entendu sur la taxe professionnelle. Les uns annoncent la suppression de 26 ou 28 Mds d’euros, les autres de 8Mds seulement. Certains prétendent que les recettes de la taxe s’élèvent à 8Mds, d’autres à 28Mds. Une véritable cacophonie. Après tout pour nos journalistes ce ne sont que des milliards et rien d’autre. Effet d’annonce, à celui qui sortira le premier sa une, sans aucune vérification, sans compréhension. Dans la même facture tous ces milliards font tourner la tête à tous ces nouveaux présentateurs de journaux qui confondent milliards et millions. Sur une des chaînes principales d’information j’ai entendu une belle blonde annoncer, à propos des 1.4Mds que le président avait promis de réinjecter, que « le milliard quatre cent mille euros » serait injecté dans le social. Juste une erreur de presque 400 millions d’euros, une paille. Il faut dire qu’avec tous ces milliards on en perd le nord. Il faut vendre, vite, très vite, sans vérifier, même si c’est de la merde.

Qu’a-t-il dit d’autre notre président, à part que c’était un métier fatigant, que les autres n’ont rien fait, que c’était la faute des américains, qu’il fallait qu’il fasse tout tout seul ? Rien, à part je, je, je. Et « je » continue comme ça. C’était bien la peine qu’il se fasse annoncer à coups de grandes trompettes. Quant aux journalistes, ils feraient bien de retourner à l’école, ou tout simplement à la niche.

St Aubin le 07/02/09

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