dimanche 22 février 2009

"Travailler plus pour gagner plus": une opération qui vire à l'echec

"Travailler plus pour gagner plus" tout le monde connaît cette formule a priori de bon sens et qui fut le succès de Nicolas Sarkozy pendant sa campagne présidentielle.

A peine élu le président s’est donc empressé de mettre en place sa fameuse loi TEPA (travail, emploi et pouvoir d'achat) dit "paquet fiscal" contenant entre autre, l’exonération des heures sup’ de l’impôt sur le revenu, ainsi que l’allégement des cotisations sociales.

Bien qu’aucun chiffre n’ait encore été officiellement communiqué, Nadine Morano de sa verve agressive, louait déjà le 29 janvier (soir de la grande grève) les résultats du paquet fiscal.

Mais afin de tout saisir avec recul, une petite comparaison post et pré-TEPA s’impose. Un éclairage que nous livre le site de Libération.

1- Avant la loi TEPA

En 2007, selon une estimation de la Dares, les salariés français ont effectué 630 millions d’heures supplémentaires auquel il faut ajouter 99 millions d’heures provenant des hôtels, cafés et restaurants soit près de 730 millions d’heures sup’. On été concernés environs 5,5 millions de salariés.

2- Après la Loi TEPA

En 2008, selon l’étude de l’Acoss on a constaté 725 millions d’heures supplémentaires, un peu moins qu’en 2008. Le nombre de salariés concerné est également évalué à 5,5 millions.


Oh surprise, les chiffres le confirment, les français n’ont pas travaillé plus depuis que les heures sup’ sont défiscalisées. Certes il y aura toujours l’excuse de la crise… Mais c’est paradoxalement au 4ème trimestre 2008, période où la crise se confirme en France, que l’on constate le plus grand pic d’heures sup’… Bizarre non?

3- Les salariés ont-ils pour autant gagné plus qu’avant ?

Difficile à dire… Les smicards et les bas salaires n’étant pas soumis à l’impôt sur le revenu seul la suppression de la charge salariale leur permet par rapport à 2007 d’engranger quelques dizaines d’euros en plus par mois. En revanche plus le salaire est important et plus la mesure sera intéressante. C’est pourquoi le chiffre de 150€/mois annoncé par Mme Morano est trompeur car elle ne distingue pas les salaires de départ.

4- Conclusion

Les économistes observent une destruction d'emplois. Les patrons ont privilégié les heures supplémentaires de leurs salariés en sacrifiant les contrats d'intérim et CDD. Le secteur automobile, par exemple, friand des heures sup' fait en même temps appel au chomage partiel et départs volontaires.

Le montant de la perte qu'entraîne l'exonération des cotisations sociales des heures sup' pour la sécurité sociale s'élève à 2,8 miliards d'euros. De quoi inquiéter le service public de la santé qui se voit une nouvelle fois fragilisé.

Nicolas Sarkozy voulait contrer les 35 heures qu'il estime responsables du gel des salaires. Il nous propose en echange une politique économique destructrice d'emploi et coûteuse pour les finances publiques. Etrange conception de la "valeur travail"...

Le gouvernement va devoir user de ses plus grands et zélés conseillers en communication pour justifier le bien fondé de l’opération... voir cette vidéo.

Aucun commentaire: